kinkulu - Le blog de UJKi

15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 22:19

Simon Kimbangu - Homme et Histoire

Simon Kimbangu est né un mercredi du 12 septembre de l'an 1887 dans le village de Nkamba dans la province du Bas-Congo. Ses origines lointaines remontent à l'époque du Royaume Kongo. En effet, son ancêtre était un prince de la cour royale de Mbanza Kongo, capitale du Royaume et demeure du Roi. Il se nommait Na Nsengele Kia Mbota. On dit de lui qu'il fit expulser des colons portugais lors des tumultes qui entrainèrent la traite de l'esclavage dans toute l'Afrique et dont les sujets de Kongo dia Ntotela (Nom du Royaume) en seront également victimes. À la chute du Grand Kongo, les descendants de Na Nsengele Kia Mbota, quitteront Mbanza Kongo et arriveront peu à peu jusqu’à l’actuel village de Nkamba. En 1885, lors de la conférence de Berlin dont le but était de se partager les Royaumes africains affaiblies par la longue période de l’esclavage, le Royaume Kongo sera divisé en plusieurs territoires. L’Angola qui deviendra une colonie portugaise, le Congo Belge, le Congo Français et le Gabon auxquelles on y annexera des territoires voisins appartenants aux peuples Luba, Lunda, Tchokwé, Mbundu, Swahili, etc…

simon kimbangu-precurseur

Papa Simon Kimbangu fut élevé dans une tradition Kongo imprégnée de l’éducation chrétienne protestante apportée par les missionnaires de la B.M.S. (Baptist Missionary Station) dans laquelle il deviendra Lui-même catéchiste. Dans le courant de l’an 1913, il s’unira coutumièrement à Maman Marie Muilu Kiawanga Nzitani pour ensuite se marier religieusement en 1915 après leur baptême protestant dans la Rivière Tombe. De leur union naîtra 3 fils : Papa Charles Kisolokele Lukelo né le 12 février 1914, Papa Salomon Dialungana Kiangani né le 25 mai 1916 et Papa Joseph Diangienda Kuntima né le 22 mars 1918.

C’est en 1918 qu’il reçut l’appel de Christ par des visions et des voix qui l’interpellait même dans son sommeil. Appel qu’il refusera tout d’abords puis qu’il finira par se résigner à accepter. C’est ainsi que le 6 avril de l’an 1921 débutera le ministère de Papa Simon Kimbangu à travers la guérison d’une fille nommée Nkiantondo. Sa renommée sera telle qu’elle dépassera les frontières des colonies voisines d’Angola et du Congo Français. Les descendants de ceux qui furent autrefois les sujets du Royaume Kongo se retrouveront comme réuni à nouveau, le tout dans une atmosphère de chants et de louanges. Papa Kimbangu ne faisait pas que guérir et ressusciter des morts mais il exhortait également par des prédications et des prières qui entraînaient l’abandon des pratiques mauvaises tels que la sorcellerie, la magie, la polygamie, les danses dites lascives, etc…

Cette grâce de Dieu apporté aux colonisés ne fera pas que des heureux. Les différentes communautés missionnaires en seront divisées de par leur opinion, car en effet cette mission de Christ fut incombée à un Homme Noir, un colonisé alors que les pères se trouvaient être les ambassadeur du dit Fils de Dieu en Afrique. Après s’être réunis pour mettre un terme à ce phénomène hors du commun, les pères missionnaires convaincront les autorités coloniales du danger de ce ministère en prétextant que Papa Kimbangu incitait les colonisés à ne pas payer l’impôt et à se révolter contre l’état.

La réaction des autorités coloniales ne se fera pas attendre et c’est ainsi que le 6 juin 1921 aura lieu la première tentative d’arrestation à l’encontre de la personne de Papa Simon Kimbangu qui se soldera par une fuite de ce dernier suivi de ses collaborateurs sacerdotaux, plusieurs blessés dont un soldat victime d’un jet de pierre provenant de la foule en colère. Mais cette triste journée restera surtout gravée dans les mémoires à cause de la mort de l’enfant Kintangulu touché par une balle perdue alors qu’il était attaché au dos de sa mère. À travers cette fuite, le ministère devint un véritable mouvement de résistance contre le colonialisme et depuis ce jour des persécutions et des arrestations eurent lieu dans les 3 territoires coloniaux contre ceux qui se disaient de Kimbangu. Après 3 mois de clandestinité, Papa Simon Kimbangu et ses suivants se rendront aux autorités et il sera arrêté le 12 septembre 1921, jour de son anniversaire. Il sera traduit en Conseil de Guerre à Thysville (actuel Mbanza Ngungu) où la peine de mort sera prononcée à son encontre avant que la décision soit commuée en prison à vie par la grâce de son Altesse Royale Albert Ier Roi des Belges à l’époque.

Après avoir exigé de voir sa femme et ses enfants à qui il leur fera leurs adieux, Papa Kimbangu sera envoyé dans une contrée lointaine, plus précisément dans le Katanga où il sera incarcéré dans la prison centrale d’Elisabethville (actuel Lubumbashi) dans une cellule d’1 m 20 sur 80 cm. En plus de sa peine à perpétuité, il eut droit à 120 coup de fouet matin et soir durant tout son séjour. Il mourra 30 ans plus tard, le 12 octobre 1951.

Après sa mort, les autorités continuaient à se livrer à des arrestations de familles entières qui seront déportées dans des camps de relégation partout dans le Congo Belge mais aussi Français et en Angola. En 1959, les autorités décident de libérer les prisonniers et le bilan en sera de 37 000 familles déportés, 150 000 martyrs (officiels) et on ne comptera que 2000 personnes qui retourneront vivants dans leurs villages natals.

Le mouvement engendrera une église qui sera reconnue officiellement par l’état belge en 1959 et quelques années plus tard par le Conseil œcuménique des églises. Son siège se trouve à Nkamba où est érigé un temple de 37 000 places en mémoire des 37 000 familles déportés.

Rédaction de Papa Rafaël Henriques TANDANGANI

Partager cet article